Vendredi le 9 avril 2004
Message de Mgr Thompson président des Pueri Cantores du Québec, pour Pâques. Avril 2004 (Message N° 12) Version pdf Aux présidents, aux aumôniers et aux Petits Chanteurs des différentes fédérations des Pueri Cantores

Notre foi chante le Christ mort et ressuscité

Je suis allé voir « La Passion du Christ » de Gibson. J'en ai été bouleversé non pas tant par la crudité des images qui ont pu en choquer quelques-uns que par la trame générale du film qui nous montre un Jésus assumant entièrement sa mission de Sauveur à travers des atrocités qui pourraient émouvoir une pierre. J'ai apprécié au plus haut point les ingénieux flash-back créant des liens qui sont parfois de véritables trouvailles tout en exposant avec intelligence l'essentiel de la doctrine évangélique. Rien de plus captivant !

On a pu parler d'exagération dans la mise en scène de la souffrance, mais j'aimerais établir ici un lien avec l'insigne relique qu'est le Saint Suaire que je présente aux Petits Chanteurs depuis plus de vingt ans et selon lequel on compte des marques correspondant à plus de 600 lésions sur tout le corps de l'homme du linceul.

Celui qui exerce un ministère dans la liturgie comme le chanteur d'église a tout intérêt à s'adonner à ce genre de contemplation pour bien se rendre compte que c'est le Fils de Dieu, devenu « l'homme des douleurs » (Isaïe, 53, 3) qui nous a rachetés et que c'est « par ses blessures que nous sommes guéris. » (Isaïe, 53, 5). Son chant n'en sera que plus sincère et plus émouvant, par exemple quand il chantera le sublime « O vos omnes » de Victoria.

Mais Jésus devait ressusciter d'entre les morts pour compléter sa mission ; il l'avait prédit plusieurs fois (Mt 12, 40 ; 16, 21. Jean 2, 19-21 ; 10, 17 ; 16, 16-23). Et pour en avoir la preuve, les témoignages sont nombreux et ils sont si convaincants qu'on a pu dire qu'il y a plus de preuves historiques sur la résurrection de Jésus Christ que sur la défaite de Napoléon à Waterloo.

Non seulement des historiens crédibles l'ont signalée comme Flavius Josèphe (37-100 P.C.), Ignace d'Antioche (50-107 ? P.C.) ou Justin (100-165 P.C.), mais les évangélistes eux-mêmes racontent à ce sujet des faits indéniables.

Pour continuer le lien avec le linceul, rappelons l'émouvant témoignage de Jean qui, en entrant dans le sépulcre, voit dans la disposition des linges « restés là » une preuve que le corps glorieux du Christ est passé à travers le linceul : « Il vit et il crut. » (Jn 20, 8) Et puis il y a les nombreux témoins oculaires. En effet un très grand nombre de personnes ont vu Jésus vivant, en chair et en os après sa résurrection : Marie-Madeleine, Pierre, les disciples d'Emmaüs, quelques disciples sans Thomas, et les mêmes avec Thomas, ce dernier nous convainquant encore davantage par une incrédulité qui nous rend les faits encore plus crédibles. Saint Paul parle même de 500 frères qui le virent aussi (1 Cor. 15, 6).

Et puis, il est impérieux de dire que plusieurs de ces témoins sont morts martyrs pour avoir confessé cette vérité fondamentale. Comment ne pas les croire ? Qui accepterait de mourir pour un mensonge ? Lorsque nous chantons la résurrection du Christ, nous devrions avoir les accents de ces premiers témoins bouleversés par la nouvelle !

Et pour clore cette réflexion, j'aimerais revenir au Saint Suaire, ce témoin silencieux dont les empreintes resteront toujours mystérieuses devant l'impossibilité de prouver par la science comment s'est produit ce négatif photographique dont le savant dégradé permet de reproduire une image en trois dimensions. Jean-Paul II qui s'est rendu à Turin en 1998 pour vénérer le Suaire avait d'ailleurs déclaré : « C'est un défi à l'intelligence. »

Et si, malgré tout, une hypothèse venant de la science moderne venait confirmer cette vérité fondamentale de notre foi, ne serait-ce pas merveilleux ?

À ce sujet, un Américain, spécialiste du rayon laser, Gerry Goldblack, a émis une hypothèse extrêmement audacieuse pour expliquer comment l'image s'est produite. Voici ce qu'il dit en substance : « Il s'agit en effet d'un instantané de la Résurrection qui prouve la réalité de la foi en la vie éternelle offerte à tous les hommes... La plupart des hommes de science croient aujourd'hui que l'image du Suaire a été formée par une impulsion d'énergie rayonnante et qu'il s'agirait d'une lumière quelconque sans en préciser la nature. Cependant nous disposons aujourd'hui d'un rayon laser dont les impulsions d'énergie lumineuse sont les plus courtes jamais produites par l'homme (Si cette énergie est très intense, elle doit être de très courte durée, autrement le tissu brûlera et sera consumé) . Ma première impression, et celle-ci n'a pas changé, c'est qu'il s'agit d'un instantané de la Résurrection qui se produisit en un milliardième de seconde durant lequel le corps du Christ fut littéralement transformé, comme le dit la Bible, laissant une image sur ce tissu. » (Extrait d'une émission télévisée sur le Saint Suaire à Radio-Canada le 20 mai 1979)

Apparaît ainsi pour notre société incrédule l'image de l'homme du Suaire avec un visage qui porte toute la souffrance du monde, un visage défiguré certes, mais qui suggère déjà pour le croyant un autre visage, celui du ressuscité.

N'oublions jamais que la liturgie que nous chantons a comme thèmes centraux la foi en Jésus qui porte les péchés du monde pour l'en délivrer et aussi en Jésus le premier ressuscité qui nous devance dans la gloire, nous faisant entrevoir ainsi la Beauté d'un au-delà qui est notre fin dernière. Le ministère du chant sacré devient ainsi une sublime mission.
9:52:04 AM