Mercredi le 19 octobre 2005
La fermeture des églises :
il n'est pas normal de gaspiller des trésors de famille


L'auteur sera prêtre depuis 25 ans le 24 janvier prochain.

Depuis une décennie environ, au sein de l'Église catholique du Québec - ce n'est pas comme ça partout ni dans toutes les religions - on parle de la fermeture des églises comme d'une situation inévitable, une réalité presque normale. Pourtant, si la majorité des chrétiens catholiques décidaient de faire chacun sa petite part, aucune église ne fermerait. Telle fut la méthode des bâtisseurs de nos temples, nos parents et grands-parents : on se donne la main, et on érige des oeuvres magistrales, réalisables seulement par la collaboration du plus grand nombre, des joyaux qui suscitent, encore aujourd'hui, l'admiration des touristes de tous les âges !

Si, dès maintenant, encouragés par nos évêques et, surtout, motivés intérieurement, un grand nombre de catholiques prenaient la décision d'apporter leur pierre hebdomadaire à l'édifice spirituel que forme leur Église, en un rien de temps les soucis matériels pour le soutien de nos temples fondraient comme neige au soleil. L'Évangile rayonnerait davantage. Beaucoup d'individus redécouvriraient leurs racines spirituelles, et notre peuple, son origine et son espérance, avec une force insoupçonnée pour bâtir l'avenir.

Je rêve en couleur ? Probablement, à cause de notre manque de motivation. Qu'est-ce que ça donne, à quoi ça sert d'être chrétien catholique ? Quel est le sens, le moteur, le coeur de cette spiritualité qui façonne en bonne partie notre culture, notre originalité et notre identité québécoises ?

Chaque année, au temps des Fêtes, petits et grands, partout au Québec, clament la réponse. À pleins poumons, on chante, en familles, dans les médias et en certaines églises, le traditionnel « Minuit chrétien » : Dieu se fait l'un des nôtres ! Une réalité toujours actuelle : ce même Dieu, né dans une mangeoire il y a 2005 ans, se fait encore nourriture du coeur, dans l'église de mon quartier, bâtie par nos ancêtres pour L'accueillir : « Peuple, debout ! Voici ta délivrance ! »

Ainsi, une église, c'est plus qu'une bâtisse de bois, de briques ou de pierres.

« Tabernacle » signifie « tente » : une église, c'est la Maison de Dieu qui dresse sa « tente » chez nous. « Paroisse » veut dire « groupe de maisons voisines » : une église, c'est Jésus, le faiseur de miracles, le Ressuscité, qui se fait notre « voisin ». « Église » vient de « ecclésia », « assemblée »: une église, c'est l'Esprit qui nous « rassemble » pour nous aider à réussir nos vies avec une efficacité inégalable parce que divine ! Bref, l'église du coin, c'est le Cénacle de mon quartier, aussi important que le Cénacle de Jérusalem. Ici, tout près de chez moi, Dieu nourrit l'amour et offre le repas de la paix et de la joie, l'Eucharistie, que contemplent en ce moment les successeurs des Apôtres, réunis en synode, à Rome, autour du successeur de Pierre, Benoît XVI.

Il n'est pas normal de gaspiller des trésors de famille ! Nos églises contiennent nos plus grands trésors : le Christ Lui-même; la sainte Bible; nos oeuvres d'art; notre histoire, racontée en sculptures, en peintures et en vitraux; nos orgues; nos cloches... Puis, par-dessus tout, la chance offerte à tout le monde de rencontrer Celui qui nous a faits et nous remplit d'énergie nouvelle, de dimanche en dimanche, pour aimer comme Dieu aime.

Robert Paradis, prêtre
11:50:04 AM