Samedi le 14 janvier 2006
Le Canada doit déployer tous les efforts pour accueillir dignement les personnes immigrantes et réfugiées

Lettre pastorale des évêques du Canada

La Commission des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a rendu public, le 10 janvier, un document illustré de huit pages sur la nécessité pour le Canada d'accueillir dignement les personnes immigrantes et réfugiées. Cette Lettre pastorale est publiée dans le cadre de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés - un événement initié par le Saint-Siège il y a plusieurs dizaines d'années - qui sera soulignée partout au Canada et ailleurs dans le monde, le dimanche 15 janvier.

En conférence de presse, Mgr Roger Ébacher, archevêque du diocèse de Gatineau et président de la Commission, a mis en évidence quelques grands traits de la situation de l'immigration au pays. Les évêques catholiques révèlent que de sérieuses lacunes minent les conditions de vie des personnes immigrantes et réfugiées.

" Nous voulons rappeler avec force que les lois et les politiques donnant la préséance à l'intérêt national sur la dignité humaine des personnes sont une inversion fondamentale des valeurs ", a-t-il déclaré, en faisant entre autres référence au fait que les réfugiés sont souvent considérés comme boucs émissaires des préoccupations nationales de sécurité depuis le 11 septembre 2001.

Au cours des 70 dernières années, jamais le Canada n'aura compté sur une aussi forte proportion de citoyens venus d'autres pays : près de 20 % de sa population. " S'il faut se réjouir qu'un pays aussi fortuné que le nôtre en accueille un nombre significatif - 235 000 résidants permanents accueillis au Canada en 2004 - les gouvernements fédéral et provinciaux doivent toutefois s'assurer de réduire les obstacles auxquels sont confrontés ces nouveaux arrivants. "

Témoins de la souffrance humaine qu'entraînent ces situations intolérables, les évêques considèrent que leur travail pastoral implique aussi de se préoccuper des enjeux politiques qui ont un impact sur la vie des personnes. La Lettre pastorale insiste sur un certain nombre de recommandations politiques, en solidarité avec d'autres intervenants de la société qui oeuvrent dans ce domaine : l'abrogation de l'Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis; l'introduction d'un droit d'appel pour les demandeurs du statut de réfugié pourtant déjà prévu par la Loi d'immigration; l'élimination des obstacles inutiles à une réunification rapide des familles; la réduction des délais dans le processus de parrainage collectif; le renforcement des lois concernant la traite des humains, particulièrement les mesures concernant la protection des victimes.

Les évêques du Canada demandent aussi aux différents paliers de gouvernement de concrétiser leur ouverture aux personnes immigrantes en leur offrant un meilleur accueil incluant un meilleur accès à l'ensemble des services publics et des conditions de vie décentes. En ce qui a trait à leur vie professionnelle, les évêques demandent une reconnaissance claire de leur éducation et de leurs compétences professionnelles, une plus grande ouverture au marché du travail et une amélioration de la protection offerte aux travailleurs migrants.

Cette Lettre pastorale se veut également une source d'encouragement et un témoignage de reconnaissance pour les chrétiens et chrétiennes qui donnent déjà généreusement à ces causes. " Comme pasteurs, a ajouté Mgr Ébacher, nous nous adressons aux croyants et croyantes de notre Église pour souligner leur contribution remarquable envers les personnes réfugiées et immigrantes et inviter un plus grand nombre d'entre eux à s'engager dans cette voie au nom de leur foi chrétienne. "

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