Lundi le 15 mai 2006
Seul le roc de l’amour total et irrévocable entre homme et femme est capable de fonder la construction d’une société qui devient une maison pour tous les hommes
8:14:14 PM
Sainte Denise et Saints Pierre, Paul, Sainte Denise, veuve; Saint André Abellon, o.p. (RS), par Raymond Beaugrand-Champagne
8:02:58 PM
l'unité du Père et du Fils
8:01:49 PM
Lectionnaire : - Lève-toi, tiens-toi droit sur tes pieds - Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom, donne la gloire, pour ton amour et ta vérité - Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui
8:00:39 PM
Que penser du livre Da Vinci Code? Dossier AECQ

Le livre fourmille d'erreurs, au point que l'on puisse soupçonner son auteur d'avoir intentionnellement fait une oeuvre polémique, dans le but de détruire la tradition chrétienne.

" Toutes les descriptions de monuments, d'oeuvres d'art, de documents et de rituels sacrés sont avérés " (p. 9). Ce n'est pas exact ! Si les lieux sont réels, la présentation qui en est faite n'est pas rigoureuse ; elle projette une vision qui dénature la réalité - comme on le montrera plus loin. Prétendre que tout est avéré n'est pas vrai. La falsification est encore plus importante pour les acteurs de l'action. En effet, l'Opus Dei est une institution qui existe réellement. Elle fait partie des institutions de l'Église catholique ; elle est fort respectable ; elle n'a rien d'une secte. Les membres de cette association gardent une grande réserve sur leur appartenance à l'oeuvre, puisqu'ils vivent dans une société sécularisée. Mais c'est ne rien comprendre à un voeu de religion fait par des laïcs que de les présenter comme membres d'une société secrète. La préface prétend que la société qui lui est opposée a été fondée après la première croisade. Ce n'est pas vrai. La société secrète dite du Prieuré de Sion n'a pas laissé de trace dans l'histoire. Aucun historien ne mentionne l'existence d'un Prieuré de Sion. Il a existé près de Jérusalem à l'époque des croisés, une abbaye Notre-Dame-de-Sion, qui est bien connue et qui n'a rien d'une société secrète. Dire qu'elle a été fondée en 1099 après la première croisade est entièrement faux. La liste de ses maîtres relève de la fiction - la liste donnée page 408 rassemble des personnalités bien connues par ailleurs et que rien ne permet de mettre dans une même tradition (Sandro Botticelli, Léonard de Vinci, Connétable de Bourbon, Isaac Newton, Victor Hugo, Claude Debussy, Cocteau...) ; une telle liste ratisse large dans la culture européenne. La fiction romanesque devient mensonge, puisque la mise en opposition des deux organisations n'est pas honnête. L'une est réelle ; elle est présentée de manière caricaturale, mais elle existe. L'autre est imaginaire. Ainsi l'intrigue met en opposition deux réalités qui ne sont pas du même ordre ; faire croire que l'une et l'autre sont du même ordre est un amalgame qui relève de la falsification. Comme roman historique, da Vinci Code ne respecte pas les normes habituelles et il entraîne de ce fait la confusion. Il y a là une mystification.

Dans da Vinci Code, il est clair que l'auteur américain n'est pas spécialiste de l'histoire de l'Église ni des traditions ésotériques. Tous les spécialistes s'accordent à le dire.

Dan Brown a lu un certain nombre de best-sellers sur l'ésotérisme. Un indice de cette utilisation est qu'il a repris les noms mis en avant dans ces ouvrages pour ses personnages.

La légende de Rennes le Château - La première source concerne les propos qui sont tenus sur un prêtre de l'Aude, l'abbé Béranger Saunière (qui porte le même nom que le conservateur du musée du Louvre victime du tueur et grand-père de l'héroïne Sophie Neveu). L'histoire de ce prêtre est simple à comprendre pour qui connaît un peu l'histoire de France à la fin du 19e siècle. Nommé curé de Rennes-le-Château, ce jeune prêtre découvre la misère de ce village et la désolation de son église. Il prend publiquement parti contre la République qu'il accuse de vouloir détruire la religion et d'avoir part à l'action du diable. Il est sanctionné par le ministre des cultes (nous sommes en 1885 avant la séparation de l'Église et de l'État) qui lui retire son salaire pendant 3 ans. L'incident le rend célèbre. On le présente comme d'une victime de l'intolérance des ennemis de la religion ; la comtesse de Chambord, veuve du prétendant au trône de France, vient à son aide et lui donne de l'argent dont il se sert pour restaurer son église. Le curé reçoit ensuite régulièrement des dons - par manière d'honoraires de messe - de la part des familles nobles et ce avec largesse. Pour respecter une certaine discrétion, l'abbé Saunière ne perçoit pas les mandats à la poste de son village, mais au chef-lieu où il se rend. Le voilà donc riche : après avoir restauré l'église, il se construit une solide demeure qui tranche dans ce pauvre village, d'autant qu'il y bâtit une tour qui surplombe la falaise. On jase. L'évêque veut le déplacer ; l'abbé use de son droit d'inamovibilité pour rester curé à Rennes le Château ; mais ce conflit avec l'évêque fait jaser d'autant qu'à sa mort, il ne lègue pas la maison au diocèse, mais à sa gouvernante... C'est l'ami de cette dernière, Noël Corbu, qui, à la mort de sa compagne, imagine que la fortune du curé était due au fait qu'il aurait trouvé un trésor caché dans son église. Quel trésor ? C'est alors que se construit un roman à partir du fait que Rennes le Château a été une citadelle wisigothique. On imagine que Titus après avoir pillé Jérusalem aurait emporté le trésor du Temple à Rome ; puis Alaric ayant pillé Rome aurait repris le trésor, qui aurait été ensuite caché à Rennes le Château, sous la menace des Francs... Il y a d'autres hypothèses qui impliquent le trésor des Templiers. Il fallait expliquer pourquoi l'abbé Saunière avait tant d'amis dans l'aristocratie. L'abbé Saunière était un bon latiniste et il occupait les loisirs que lui laissait sa charge de curé de village de 300 habitants pour mener des travaux d'érudition. Cette activité était très classique dans le monde ecclésiastique. Il allait rencontrer d'autres érudits de la région. L'idée est venue qu'il avait découvert non seulement de l'or, mais des manuscrits qui lui auraient donné la connaissance d'un secret : à savoir que Jésus aurait épousé Marie-Madeleine ; de ce mariage serait née une fille, laquelle serait l'ancêtre de Clovis et des rois mérovingiens. La découverte de ce secret aurait assuré la fortune de l'abbé Saunière. Tout ceci ne repose sur rien ; mais les propos du village ont donné matière à un livre publié par Gérard de Sède, L'Or de Rennes ou la Vie insolite de Béranger Saunière, 1967. Ce livre prétend retrouver la généalogie des Mérovingiens et la fait remonter à Jésus. Il existe un descendant, Pierre Plantard de Saint Clair. Cette idée à été reprise dans un livre américain de Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh, L'Énigme sacrée (Holy Blood, Holy Grail),1982. C'est ce livre qui est la source de Dan Brown ; un indice est donné dans le fait que le maître qui veut découvrir le secret en s'alliant à l'Opus Dei par ruse, porte le nom de Leigh Teabing. Telle est la base de l'intrigue : rien qui puisse être reçu comme attesté et vérifié ; ce sont des interprétations fantaisistes, totalement inutiles, puisque tout s'explique simplement et naturellement quand on connaît la situation d'un curé de campagne fier et érudit à cette époque. Il est très intéressant de se demander qui sont les auteurs de ces interprétations. Gérard de Sède est un très bon conteur ; il s'inscrit dans la ligne du surréalisme dont une devise est " l'imaginaire c'est ce qui tend à devenir réel ". Son livre est un modèle de production surréaliste qui n'a pas de valeur scientifique.

Les évangiles canoniques sont antérieurs à Constantin - comme le prouve l'existence de manuscrits qui remontent au deuxième siècle - et aucun document n'atteste que Constantin ait demandé que soit écrit un autre évangile, ni changer la liste des évangiles qui fondent la tradition chrétienne. Les évangiles canoniques sont donc la seule source fiable pour connaître Jésus-Christ.

Dan Brown donne des références fausses et il ne peut leur opposer des sources sérieuses. Dan Brown le sait et pour cela il utilise le thème du complot. Celui-ci permet de dire n'importe quoi. En effet, quand, en saine rigueur intellectuelle, il faudrait citer des documents et des sources, les ésotéristes disent que l'autorité les a supprimés pour garder son secret. Ainsi l'absence de documents est prise comme preuve de la vérité que l'on oppose à ceux qui citent des documents authentiques. Qui ne voit qu'à écarter les documents solides pour les remplacer par des propos invérifiables, on ne construit rien de solide ? Dan Brown falsifie les sources du christianisme

La référence à une tradition d'ésotérisme est le fruit de l'ignorance. Un exemple le montre. Sur le socle d'une statue du chemin de croix de Rennes-le-Château, l'abbé Saunière a fait graver CHRISTUS A.O.M.P.S. DEFENDIT. Que signifie AOMPS ? c'est l'abréviation d'une inscription courante qui signifie Ab Omni Malo Populum Suum et l'inscription signifie : " Que le Christ défende son peuple de tout mal ". c'est une invocation courante. Elle est interprétée comme Antiqui Ordo Mysticusque Prioratus Sionus : ce latin de cuisine signifierait : " que le Christ défende le prieuré de Sion " !

Lorsque le roman da Vinci Code dit que sur la fresque de Léonard de Vinci qui représente la Cène, le personnage qui se trouve à droite de Jésus n'est pas saint Jean mais Marie-Madeleine, il manifeste une ignorance de toute la tradition picturale et l'interprétation ne repose sur rien de sérieux.

On ne peut accuser Jésus de misogynie ! Mais on ne peut pas non plus cautionner la thèse de Dan Brown selon laquelle Jésus aurait mené une vie maritale avec Marie-Madeleine dont il aurait imposé la présence à ses compagnons et cautionné par elle les cultes du sacré féminin.
6:43:23 PM