Mercredi le 31 janvier 2007
La base éthique sur laquelle des hommes de convictions différentes peuvent s’entendre : "Surtout voir en tout humain un frère"

L'effort individuel ou collectif que veut déployer un monde pluraliste pour trouver la base éthique ou spirituelle, sur laquelle des hommes de convictions différentes peuvent s’entendre et coopérer, aboutit invariablement au même dilemme :

- aimer les autres, une idéologie ou sa religion et Dieu, jusqu'au mépris de soi-même;

ou bien

- s'aimer soi-même, son idéologie ou sa religion, jusqu'au mépris des autres et de Dieu.

Salomon rend la justice avec sagesse

Un jour, deux femmes prostituées vinrent chez le roi et se présentèrent devant lui.

L'une d'elles lui dit:
- S'il te plaît, mon seigneur, écoute-moi: cette femme et moi nous habitons dans la même maison et j'ai donné naissance à un fils près d'elle.

Trois jours après, elle a aussi mis un enfant au monde. Nous vivons seules ensemble dans cette maison, il n'y a personne d'autre avec nous et nous n'étions que toutes les deux.

Or, pendant la nuit, elle s'est couchée sur son fils et l'a étouffé.

Alors elle s'est levée au milieu de la nuit, elle a enlevé mon fils à mes côtés pendant que moi, je dormais, et l'a couché contre elle, puis elle a déposé son bébé mort près de moi.

Le matin, je me suis levée pour allaiter mon enfant et j'ai trouvé l'enfant mort. Le jour venu, je l'ai examiné attentivement et j'ai reconnu que ce n'était pas mon fils que j'avais mis au monde.

- C'est faux! interrompit l'autre femme. C'est mon fils qui est vivant et le tien est mort!
- Pas du tout, riposta la première, c'est ton fils qui est mort et le mien qui est vivant!
Et elles continuèrent à se disputer ainsi devant le roi.

Celui-ci déclara finalement:
- L'une dit: «C'est ici mon fils qui est vivant; et c'est le tien qui est mort.» Mais l'autre dit: «Pas du tout, c'est ton fils qui est mort et le mien qui est vivant.»

Eh bien, ajouta le roi, qu'on m'apporte une épée.
On lui apporta une épée.

Alors il dit:
- Coupez l'enfant vivant en deux et donnez-en une moitié à chacune.

Alors la mère de l'enfant vivant, poussée par son amour pour son fils, s'écria:
- De grâce, mon seigneur, qu'on lui donne le bébé vivant, qu'on ne le fasse pas mourir!
Mais l'autre dit:
- Non, coupez-le en deux. Ainsi il ne sera ni à moi ni à elle.

Alors le roi prononça son jugement et dit:
- Ne tuez pas l'enfant! Donnez-le à la première des deux femmes. C'est elle sa vraie mère.

Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé et tous furent remplis d'un profond respect pour lui, car ils comprirent qu'il avait reçu la sagesse de Dieu pour rendre la justice.

Pour nous aussi, il s'agit donc de rendre justice et légitimité, avec sagesse

Car pour accueillir comme légitime toute valeur, idéologie ou religion il nous faut chercher si cette valeur, idéologie ou le dieu de cette religion accueille et protège toute vie inconditionellement comme sienne, ou bien si ce dieu, idéologie ou valeur est prêt à sacrifier ou mépriser certaines vies humaines dans certaines conditions.

La solution pour trouver la base éthique et spirituelle universelle juste, sur laquelle des hommes de convictions différentes pourront s’entendre et coopérer repose donc ultimement sur le respect de la dignité de chaque personne partout dans le monde, par cette valeur, idéologie ou religion, donc l'absence universelle de despotisme ou de la moindre violence dans ses enseignements et dans ses pratiques, car chaque personne devant un Dieu ou devant une société, valeur ou idéologie légitime, est aimée inconditionellement, comme sienne.

"...Surtout voir en tout humain un frère"
Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara

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