Vendredi le 15 février 2008
« Contre l'autorité qui les maltraite, ils [les modernistes] n'ont point d'amertume : après tout, elle fait son devoir d'autorité. Seulement ils déplorent qu'elle reste sourde à leurs objurgations, parce qu'en attendant, les obstacles se multiplient devant les âmes en marche vers l'idéal. Mais l'heure viendra, elle viendra sûrement, où il faudra ne plus tergiverser, parce qu'on peut bien contrarier l'évolution, on ne la force pas. Et ils vont leur route ; réprimandés et condamnés, ils vont toujours, dissimulant sous des dehors menteurs de soumission une audace sans bornes. Ils courbent hypocritement la tête, pendant que, de toutes leurs pensées, de toutes leurs énergies, ils poursuivent plus audacieusement que jamais le plan tracé. Ceci est chez eux une volonté et une tactique : et parce qu'ils tiennent qu'il faut stimuler l'autorité, non la détruire; et parce qu'il leur importe de rester au sein de l'Église pour y travailler et y modifier peu à peu la conscience commune : avouant par là, mais sans s'en apercevoir, que la conscience commune n'est donc pas avec eux, et que c'est contre tout droit qu'ils s'en prétendent les interprètes. Ainsi, Vénérables Frères, la doctrine des modernistes, comme l'objet de leurs efforts, c'est qu'il n'y ait rien de stable, rien d'immuable dans l'Église » Encyclique Pascendi, § 37-38. Commentaire

...la conscience de l'homme reçoit un phénomène extérieur, qu'elle l'intègre en elle, en le transfigurant, pour l'élever au domaine de l'intellectuel. En second lieu, l'intelligence le défigure, le transforme pour le faire correspondre à ce qu'elle pense être la vérité. Ainsi, tout est centré autour du sentiment. La vérité n'est point la réalité extérieure, mais la sincérité intérieure. La vérité ne vient pas des faits, elle vient du coeur de l'homme, de son for interne, de son sentiment. Ainsi, ce que lui, en tant qu'individu, croit est toujours vérité, et nul n'a le droit de lui reprocher. C'est finalement ainsi que la doctrine aboutit à son troisième volet: le subjectivisme. Comme tout vient de l'intérieur de l'homme, on peut admettre qu'il y ait deux croyances différentes, voire même opposées. Ainsi, il n'y a plus que subjectivité de la pensée. Toute affirmation d'une réalité surnaturelle, se heurte à ce mur du subjectif. Cela est vrai... pour vous cher monsieur X. Croyez donc ce que vous voulez, mais ne prétendez pas l'imposer aux autres. De toute manière, cela n'est que du domaine de la croyance. La science a ses raisons que la raison ne connaît pas... Et voila, la boucle est bouclée. Partant de la science et du principe que seule la connaissance matérielle est possible, on est revenu à la science et au matérialisme, seuls jugés "certains". Science et croyance ne s'opposent pas, ils sont simplement dans un ordre différent.

A. Les causes intellectuelles du modernisme

-la curiosité et l'orgueil

Le pape le dit très bien: "la cause prochaine et immédiate réside dans une perversion de l'esprit"(§57). Cette perversion est tout simplement la rentrée de l'esprit dans le système présenté plus haut, à savoir, le subjectivisme de la connaissance, l'agnosticisme et l'immanentisme vital. Mais comment l'esprit arrive-t-il à rentrer dans ce système, pour sa propre perte? La première raison est la curiosité naturelle de l'homme, qui lui fait préférer ce qui est nouveau, dans l'espoir de pouvoir en savoir plus que le voisin, et par ce moyen affirmer sa supériorité. C'est là qu'intervient également l'orgueil, qui veut la première place. Il n'est pas possible de devenir célèbre en réaffirmant ce qu'ont déjà dit et redit nombre d'autorités (pères de l'Eglise, magistère, tradition.). Il faut donc innover, trouver encore et toujours mieux, et pour cela se tenir au courant de toutes les idées nouvelles. Là se trouve l'orgueil, qui fait dire: "nous ne sommes pas comme le reste des hommes"(§57). Le pape met alors en garde en reprenant les termes de son prédécesseur Grégoire XVI: " Contrairement à l'avertissement de l'apôtre, l'on prétend à savoir plus qu'il ne faut savoir et que, se fiant trop à soi-même, l'on pense pouvoir chercher la vérité hors de l'Eglise, en qui elle se trouve sans l'ombre la plus légère d'erreur."(Singulari nos, 1834). La curiosité alimentant l'orgueil, c'est bien là une source de perversion intellectuelle; mais elle ne suffit pas: cet humanisme où l'homme se pose comme supérieur à Dieu trouve son origine dans une grande ignorance...

-l'ignorance

Au-delà de la cause morale qu'est l'orgueil, se dresse la cause intellectuelle de l'ignorance. En effet, ceux qui ont embrassé avec fougue la doctrine moderniste, manquaient gravement des instruments de jugement que leur auraient donné une bonne et solide philosophie scolastique. Si les modernistes ont forgé un faux système philosophique, c'est d'abord parce que le vrai leur manquaient. Ils étaient dans l'ignorance. Ainsi, ils ont adopté une philosophie qui condamne celle-là même qui leur aurait donné le moyen de la juger. Abusés par la nouvelle doctrine, ils ne peuvent que condamner l'ancienne, comme "ne répondant pas aux exigences de notre temps." Ainsi, la philosophie thomiste, la tradition apostolique, patristique et ecclésiale, sont dénigrées... Forcément, puisqu'ils ne connaissent ces choses qu'à la lumière faussée de leur nouvelle doctrine. Doctrine qui, disons-le au passage a été emprunté à des non-catholiques, qui l'avaient édifié pour ruiner l'Eglise...
3:27:07 PM