Dimanche le 25 septembre 2011
Commentaire du jour
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe
Méditation pour la fête de l'Exaltation de la croix (trad. Source cachée, Cerf 1991, p. 278 rev.)

Obéissants au Père, à la suite du Fils

      « Que ta volonté soit faite ! » (Mt 6,10) C'était bien là toute la vie du Sauveur. Il est venu dans le monde pour accomplir la volonté du Père, non seulement afin d'expier le péché de désobéissance par son obéissance (Rm 5,19), mais encore pour ramener les hommes vers leur vocation sur le chemin de l'obéissance.

      Il n'est pas donné à la volonté des êtres créés d'être libre en étant sa propre maître ; elle est appelée à s'accorder à la volonté de Dieu. Si elle s'y accorde par sa libre soumission, il lui est alors offert de participer librement à l'achèvement de la création. Si elle s'y refuse, la créature libre perd aussi sa liberté. La volonté de l'homme conserve encore le libre arbitre, mais il est séduit par les choses de ce monde ; elles le tirent et le poussent en des directions qui l'éloignent de l'épanouissement de sa nature tel que Dieu l'a voulu et elles l'écartent du but qu'il s'est fixé lui-même dans sa liberté originelle. En plus de cette liberté originelle, il perd la sûreté de sa résolution. Il devient changeant et indécis, tiraillé par des doutes et des scrupules ou endurci dans son égarement.

      Contre cela, il n'y a pas d'autre remède que le chemin à la suite du Christ, le Fils de l'homme qui non seulement obéissait directement au Père des cieux mais se soumettait aussi aux hommes qui lui signifiaient la volonté du Père. L'obéissance telle que Dieu l'a voulue libère notre volonté esclave de tous les liens des choses créées et la ramène vers la liberté. C'est donc aussi le chemin vers la pureté du cœur.
6:52:21 PM

Lectionnaire
Vingt-sixième dimanche du temps ordinaire

Livre d'Ézéchiel 18,25-28.
Parole du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites :
Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c'est à cause de sa perversité qu'il mourra.
Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie.
Parce qu'il a ouvert les yeux, parce qu'il s'est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.

Psaume 25(24),4-5ab.6-7.8-9.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m'oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.


Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,1-11.
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié,
alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l'unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres.
Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus :
lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ;
mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,28-32.
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne'.
Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas. ' Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla.
Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur ! ' et il n'y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

6:49:18 PM
Benoît XVI médite sur la relation d'amour entre Marie et le Christ
La relation entre Marie et le Christ nous fait comprendre que le vrai développement de la personne n'est pas la réalisation de soi« qui peut facilement se changer en une forme d'égoïsme raffiné » mais le don de soi à l'image de Marie qui reçoit l'amour du cœur du Christ.

C'est ce que le pape Benoît XVI a expliqué ce vendredi, en fin d'après-midi, au sanctuaire d'Etzelsbach où il a présidé les vêpres. Le pape a médité sur la signification de la statue de Marie à l'origine du sanctuaire et des pèlerinages en ce lieu qui remontent probablement au XVIIème siècle.

Selon la tradition locale, alors qu'il cultivait son champ, un paysan vit un jour son cheval tomber, presque à genoux, à deux reprises, à un endroit précis, de manière tout à fait inexplicable. Par curiosité, le paysan se mit à creuser à cet endroit et il y trouva une sculpture en bois représentant la pietà, Notre-Dame des douleurs. Depuis ce jour, les pèlerinages n'ont jamais cessé.

« Regardons son image ! s'est exclamé le pape dans son homélie. Une femme d’âge moyen avec les paupières alourdies de beaucoup de pleurs et en même temps le regard dirigé vers le lointain, comme si elle était en train de méditer dans son cœur sur tout ce qui était arrivé. Sur ses genoux repose le corps inanimé de son Fils ; elle l’étreint délicatement et avec amour, comme un don précieux. Sur le corps dénudé de son Fils, nous voyons les signes de la crucifixion »

Puis le pape a expliqué la « particularité » de la pietà d'Etzelsbach.

« Dans la plupart des représentations de la Pietà, Jésus mort gît avec la tête vers la gauche. Ainsi, l’observateur peut voir la blessure du côté du Crucifié. Ici, à Etzelsbach, au contraire, la blessure du côté est cachée, puisque le corps, précisément, est orienté vers l’autre côté », a-t-il expliqué.

Le pape y voit « une signification profonde » car « dans l’image miraculeuse d’Etzelsbach, les cœurs de Jésus et de sa Mère sont tournés l’un vers l’autre. Ils s’approchent l’un de l’autre. Ils échangent mutuellement leur amour ».

« Nous savons que le cœur est aussi l’organe de la sensibilité plus délicate pour l’autre comme il est également l’organe de la compassion profonde. Dans le cœur de Marie se trouve l’espace pour l’amour que son divin Fils veut donner au monde », a-t-il poursuivi.

« La dévotion mariale se concentre dans la contemplation de la relation entre la Mère et son divin fils », a ajouté Benoît XVI.

« Ce n’est pas l’autoréalisation qui accomplit le vrai développement de la personne, chose qui aujourd’hui est proposée comme modèle de la vie moderne, mais qui peut facilement se changer en une forme d’égoïsme raffiné. C’est plutôt l’attitude de don de soi, qui s’oriente vers le cœur de Marie et par là aussi vers le cœur du Rédempteur », a-t-il souligné.

« En Marie, Dieu a fait tout concourir au bien », a ajouté le pape. « Avec une délicatesse maternelle, elle veut nous faire comprendre que toute notre vie doit être une réponse à l’amour riche en miséricorde de notre Dieu. Comme si elle nous disait : comprends que Dieu, qui est la source de tout bien et ne veut rien d’autre que ton vrai bonheur, a le droit d’exiger de toi une vie qui s’abandonne sans réserve et avec joie à sa volonté et qui mette tout en œuvre pour que les autres fassent de même ».

Le pape a rappelé le thème de son voyage « Là où il y a Dieu, là il y a un avenir », avant de conclure en disant : « En effet : là où nous laissons l’amour de Dieu agir totalement dans notre vie, là le ciel est ouvert. Là il est possible de modeler le présent de façon à ce qu’il corresponde toujours plus à la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ. Là, les petites choses de la vie quotidienne ont leur sens, et là, les grands problèmes trouvent leur solution ».


6:43:43 PM
Oter ce qu’il y a de « mondain » dans l’Église : appel de Benoît XVI « L’Église s’ouvre au monde non pour obtenir l’adhésion des hommes à une institution avec ses propres prétentions de pouvoir, mais pour les faire rentrer en eux-mêmes et ainsi les conduire à Celui dont toute personne peut dire avec Augustin : Il est plus intime à moi-même que moi-même (cf. Conf. 3, 6, 11). Lui, qui est infiniment au-dessus de moi, est toutefois tellement en moi-même jusqu’à être ma véritable intériorité. »
6:34:13 PM
DE LA VRAIE RELIGION Saint Augustin

Composé en 390, quelque temps à peine après sa conversion et tout juste avant de devenir prêtre, à la demande expresse d'un nouveau converti dénommé Romanien sans doute soucieux de s'instruire davantage des choses de la religion, le petit traité de Saint Augustin sur la nouvelle doctrine ou doxa qu'il va lui exposer de long en large et d'une plume de maître quant aux vérités fondamentales de la religion catholique pourrait certainement être considéré comme l'un des premiers catéchismes exhaustifs de l'Église, tant par son ampleur que les vérités qui y sont exposées dans ce style clair et précis qui est toujours demeuré le sien propre.
En commençant par passer en revue la multiplicité des écoles tout autant que la pluralité des opinions sur la nature réelle des dieux, telle qu'exposée par les philosophes antérieurs à son temps, il va expliquer comment des déistes tels que Socrate ou Platon pouvaient participer au culte des idoles sans trop y croire réellement, et celui de latrie n'étant réservé qu'à Dieu seul selon lui, celui de dulie qu'on portait aux créatures tout autant qu'aux astres méritait donc d'être disséqué plus à fond pour parvenir à cet état d'assuétude ou de bonheur intrinsèque que seule la vraie religion pouvait procurer pour en avoir été lui-même le témoin exemplaire et privilégié.
Aussi va-t-il commencer son exposé avec Saint Jean, selon qui :  "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu"  (Jean, I, 3) pour lui expliquer que Dieu étant supérieur aux créatures et aux idoles, les opinions communes à leur sujet ne pouvaient que conduire à des erreurs communes pour être avant tout fondées sur des croyances et des mythes beaucoup plus que sur des vérités bien démontrées; la vie même des philosophes précités ne pouvant certes pas conduire l'esprit à un peu plus de lumière à défaut d'unité plus élaborée sur le sujet, tel que déjà cogité par Plotin avant lui.
La foi véritable des vrais croyants étant donc très différente des croyances qui avaient cours en son temps, telle que l'astrologie ou les gnoses ésotériques qui pullulaient à son époque, germées pour la plupart de nulle part, comme ce manichéisme contre qui il va rompre beaucoup de lances pour en avoir été un temps l'adepte le plus sérieux, il décortiquera au passage les illusions du donatisme et de son double baptême inutile tout autant que ces festins mortuaires bien arrosés de bons vins et contre lesquels il ne manquera pas de vitupérer une fois devenu évêque pour n'être que les reliquats de rites païens trop souvent mélangés au bon grain de la sainte doctrine.
Seules les saintes vérités catholiques méritant donc d'être enseignées pour l'édification des âmes tout autant que la sanctification des croyants, il recommandera donc fermement à son élève de ne pas suivre aveuglément des hommes qui n'ont ni philosophie dans la religion ni religion dans leur philosophie pour lui éviter d'aller s'égarer dans les méandres et les erreurs de ces fausses routes dont les premiers conciles encore tout récents venaient à peine de corriger le tir à la lumière de ceux qui seront plus tard connus sous le nom de Pères de l'Église.
La sainte lumière des Écritures tout autant que la grâce de Dieu dont il se fera le protagoniste le plus fervent étant donc nécessaires à une saine communion en Église, Saint Augustin va ensuite expliquer la Création comme étant l'Oeuvre du Père par le Fils dans le don du Saint-Esprit, plaçant ainsi du coup l'Éternité de la Trinité au coeur même de ces Vérités éternelles hors desquelles toutes les Lois du Créateur ne sauraient être bien comprises que lorsque rendues intelligibles; un critère incontournable sous la plume de Saint Augustin et qu'il s'emploiera à démontrer tout au long de ses écrits on ne peut plus probants pour tous ces séminaristes d'Hippone qui iront plus tard fournir la plupart des évêchés de l'Église naissante d'Afrique, tel que relaté par son disciple Saint Possidius dans sa courte biographie contemporaine du Docteur de la Grâce.   
Passant ensuite de l'Incarnation à l'enfantement de la Vierge, puis par la Passion et la Résurrection du Christ avant son Ascension dans le Ciel où il est assis à la droite du Père tout en attendant le Jugement dernier et la résurrection des corps, comme si bien résumé dans le Credo encore tout frais des croyants orthodoxes et catholiques, Saint Augustin va expliquer ces dogmes comme autant d'effets de la Miséricorde de Dieu beaucoup plus que comme des Lois intangibles sous lesquelles l'Humanité aurait été soumise à perpétuité, comme avec le mythe de Sisyphe; et loin d'être des calamités comme telles, les hérésies selon lui n'étaient souvent utiles qu'à peaufiner des vérités demeurées jusque-là dans le brouillard des approximations relatives d'une théologie naissante qui en était encore à ses premières analyses, comme les premiers Conciles le démontreront amplement avec Arius et quelques autres.
Dont Manès et ses manichéens avec leurs deux natures, ou substances, en lutte perpétuelle avec deux âmes dans un même corps, beaucoup plus propices à engendrer des schizophrènes en lutte continuelle entre le mal et le bien plutôt que des êtres libres devant un Dieu de Lumière beaucoup plus propice à éclairer les esprits plutôt que les seuls devins de ces pensées ténébreuses dont les gnoses étaient devenues les prototypes soi-disant éclairés de connaissances aussi creuses que mal assorties, étant donné que le mal ne saurait être une substance comme il va l'expliquer, mais un simple état de choses sans plus, dont les maladies et la mort ne sont toujours que les plus tristes constats de toute humaine condition croyante ou pas.
Dieu seul restant donc immuable en son Dessein par rapport à l'âme humaine toujours d'humeurs changeantes parmi les miroirs aux alouettes de ses désirs capricieux comme de ses imaginations débridées, la religion parfaite ne saurait donc se baser sur les sens et la vanité de leurs pensées éparpillées pour n'être trop souvent que les fruits passagers d'idéations pas toujours spirituelles chez un vieil homme charnel avant tout obnubilé par cette soif insatiable de jouissances et de plaisirs, comme les drogues et la coca nous en donnent aujourd'hui la preuve la plus convaincante; et même si l'âme humaine demeurera malgré tout à l'image et à la ressemblance de son Créateur, même dans sa réalité la plus abjecte, cette divine étincelle qui la constitue restera toujours sujette à être obscurcie par l'orgueil, la vanité du monde tout autant que cette curiosité malsaine qui lui fera préférer les créatures au Créateur dans l'état de délabrement où elle est tombée et qui la portera à aimer contempler le néant plutôt que la source de tout Bien véritable, comme les stoïciens l'avaient déjà entrevu, mais sans en connaître d'autre raison que le Fatum.
L'orgueil, la vanité ainsi que la curiosité étant mises de côté, il devient alors plus facile d'entrevoir Dieu comme origine première de la vie plutôt que comme cause seconde, et ses Lois éternelles paraissent donc comme au service de chaque âme comme de toute l'Humanité plutôt que comme un simple assujettissement à la mort, vue ici comme venant d'une iniquité bien réelle, et l'absolu de cette contemplation devient de ce fait bien supérieure à la poursuite du néant dans laquelle se complaisent tant de créatures toujours à la recherche d'un autre elles-mêmes qui ne leur occasionnera que troubles et angoisses éperdues devant le grand vide de leur existence devenue maladive et pour laquelle il ne sera plus d'autres remèdes que ceux de l'âme, pour employer une métaphore sur laquelle Saint Augustin va souvent revenir pour expliquer l'homme spirituel qui naîtra des sacrements de l'Église, seuls capables de régénérer dans l'Esprit Saint l'Homme déchu.
En purifiant d'abord l'intérieur selon Matth. XXIII, 26, ce qui est dehors sera pur lui aussi. Et le Christ pourra dès lors rendre la vie à nos corps mortels à cause de l'Esprit qui habite en nous selon Rom. VIII, 11; et après avoir ainsi détruit la cause du péché, la mort et le néant seront ensuite abolis par voie de conséquence; si bien que le croyant pourra dès lors s'écrier avec l'Apôtre : "Ô mort, où est ton triomphe? Ô mort où est ton aiguillon?" (1 Cor. XV, 54,55) Et le premier commandement qui consiste à aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces, ainsi que le second, qui consiste à aimer son prochain comme soi-même, deviendront ainsi manifestes à tout croyant nouvellement renouvelé par ces eaux du baptême capables d'engloutir cette mort dans son néant.
Passant ensuite à la chute des mauvais anges, secondaire à leur désobéissance germée de leur orgueil qui les avait entraînés à se prendre pour autant de petits dieux manqués en les précipitant du coup dans le dam éternel, au contraire des bons anges qui continuèrent au contraire de jouir de la présence de la Majesté divine, Saint Augustin va expliquer ensuite par le libre arbitre cette même faute qui entraîna la chute d'Adam et Ève après avoir désobéi à l'ordre explicite du Seigneur à l'effet de ne pas manger du fruit de l'Arbre du bien et du mal. Pas de liberté sans libre arbitre comme le mot l'indique si bien en effet, et pour avoir voulu devenir comme des dieux eux aussi à la suggestion du Malin comme en Gen. III, 4, une situation qui ne manquera pas de se répéter au cours de l'Histoire, nos premiers parents perdirent du coup cet état d'innocence qui les avait pourtant faits semblables aux Anges.
- II -
- ''Et le Verbe se fit chair, et il habita parmi nous." (Jean I, 14)
Il n'y a donc de salut qu'en Dieu seul, comme va maintenant l'expliciter Saint Augustin. Et ce salut par l'Incarnation deviendra remède au péché grâce à un Christ médecin qui redonnera aux humains leur liberté en Dieu par sa Miséricorde, bien sûr vue ici comme Grâce; et c'est ainsi que revêtus des vertus de force, de tempérance, de prudence comme de justice, les croyants devenus spirituels plutôt que charnels pourront dès lors, armés du bouclier de la foi, du casque de l'espérance et du glaive de l'Esprit dans la charité, avancer plus sûrement sur le chemin de la vie éternelle sans trop se soucier des traits du malin qui, vaincu une fois pour toutes par la Résurrection, ne pourra plus dès lors réussir ni dans ses machinations ni dans ses tentations éphémères. (Éph. VI, 10-20) Et la vraie religion vue ici comme une religion de liberté pour des hommes nouveaux plutôt que de servitude comme pour des hommes anciens qui marchaient dans les ténèbres comme sous l'Ancien Testament, les croyants deviendront aussi fils par adoption d'un Père unique plutôt que les esclaves des idoles qu'ils étaient. (Gal. 4, 1-7)
Le plan de Saint Augustin va se peaufiner encore quand il va passer d'une philosophie naturelle à une philosophie morale pour aboutir à un fondement plus rationnel, très bien capable selon lui de démontrer qu'il ne saurait y avoir de vraie liberté qu'en Dieu seul; et revenant à sa comparaison médicale pour discourir de la Providence, qui tel un bon médecin peut apporter secours dans les différentes conditions de vie rencontrées par les croyants, l'effet net en sera de laisser entrevoir que la vraie liberté ne saurait exister en dehors des médicaments de l'Église, seule capable de ramener l'âme à la santé spirituelle plutôt que tout simplement matérielle, comme les Anciens l'espéraient d'Esculape et de ses disciples. Et tout en démontrant que seule l'Immuable Trinité dans son infinie Sagesse et sa Souveraine Bonté était capable d'amener à l'existence des créatures muables, la Création à partir d'une matière informe venue elle aussi de Dieu consistait donc à donner l'être ou l'existence à une matière formée venue elle aussi de Lui seul.
Tout ce qui est venant donc de Dieu et de lui seul, tout ce qui est ne saurait donc être que néant sans Dieu et tel que si bien décrit au commencement de la Genèse, alors que l'esprit de Dieu planait sur les eaux et que la terre était informe. (Gen.1,1 -2) Au contraire des Anciens, qui croyaient volontiers comme Aristote que la Création était éternelle, ce qui amènera plus tard beaucoup de penseurs à se dissocier de la Bible comme explication du Monde en considérant la Nature comme incréée elle aussi dans sa pérennité, Saint Augustin va préciser encore que les différents jours décrits pour y arriver devraient plutôt être envisagés comme des phases ou des étapes évolutives, dont la teneur pourrait encore être acceptable à un contexte plus proprement scientifique comme envisagé par un autre penseur contemporain tel que Teilhard de Chardin, par exemple.
En tout état de cause cependant, le Dessein divin y transparaît très clairement, au contraire du chaos initial qui existait lui aussi avant la théorie du Big Bang et qui ne saurait certes pas expliquer à elle seule l'évolution de la Pensée sans un Esprit originel ou Point  Alpha, qui conduirait indubitablement toute la Création vers le Point Omega de la Parousie pour faire sens; même après avoir abandonné une multitude d'espèces et de créatures végétales ou animales au cours de cette même évolution, comme tous ces fossiles, qui en restent en effet les témoins les plus silencieux, mais les plus évidents. Mais retour à Saint Augustin.
S'attaquant ensuite aux vices de l'âme pour poursuivre son projet d'explication de l'Homme dans une optique religieuse plutôt que scientifique, il va tenter de faire comprendre comment une créature, par mauvaise volonté ou autrement, va persister dans sa recherche de vanités et s'attacher à une existence périssable en délaissant ce Souverain Bien substantiel qui est Dieu pour poursuivre plutôt de vains fantômes qui ne lui laisseront aucune satisfaction véritable à défaut des vraies valeurs du salut, seules capables d'amener les Sapiens au Bonheur; un autre critère incontournable chez le Docteur de la Grâce, qui n'est pas sans rappeler celui des stoïciens avant lui et selon qui le Bonheur se trouvait dans la Vertu et pas ailleurs.
Le mal étant donc vu par lui comme état plutôt qu'une substance, un peu comme la douleur qui ne saurait exister par elle-même, mais bien comme conséquence de ce même mal, ce qui contribuera certes à ruiner les hypothèses malvenues des manichéens qui avaient bien vainement tenté d'en faire un absolu, Saint Augustin va revenir à nouveau à ses métaphores médicales pour tenter de trouver quels seraient les meilleurs remèdes pour mettre fin à ces vaines agitations des âmes, trop heureuses de courir à leur perte sans le savoir après avoir préféré, et de beaucoup, les créatures à leur Créateur. Précisant que ce ne sont pas tellement les choses de la nature qui sont mauvaises que l'intention qui leur est prêtée, tous ces vains désirs ou folles imaginations qui en découlent conduiront toujours les créatures à contempler ultimement le néant de leur existence à défaut de cette Présence qui seule pourrait les satisfaire pleinement, et l'agitation de leurs pensées ne pouvant plus arriver à les calmer pour autant, seule la perspective du néant deviendra le phare ultime pour les guider dans leurs ténèbres.
"Vanitas, Vanitas, Vanitatum; tout n'est que Vanité, pourra dès lors s'écrier Salomon (Eccl.1,23) malgré toute sa sagesse et la riche indigence à laquelle il était parvenu sur le déclin de sa vie; la vanité ayant en effet en propre de n'engendrer que des vaniteux qui n'auront plus dès lors qu'à aller se perdre dans leurs vaniteuses pensées. Et l'état de ces âmes, devenu comparable à celui de drogués absorbés tout autant qu'obnubilés dans les ténèbres de leurs vains fantômes, n'aura plus qu'à les laisser aller se perdre dans le désenchantement, la déréliction et toutes les maladies du corps tout autant que de l'esprit qui en découleront nécessairement après avoir aboli cet Ordre suprême de la Providence, selon qui tout se fait avec ordre et mesure en toutes choses. Et c'est ainsi qu'après avoir foulé aux pieds tout ce qui, en musique comme en poésie, peut conduire à l'harmonie, le chaos de leur existence ne deviendra plus qu'indifférence ou hébétude; tout au contraire de ce vrai Bonheur pourtant si prisé par les jouissifs et les libidineux et tout juste avant que les maladies ne les rattrapent, étant entendu qu'Éros restera toujours l'image en miroir de Thanatos, selon cette ancienne psychologie redevenue la mode courante depuis Freud.
Le mal en lui-même n'étant donc pas tellement dans la Nature que contre la Nature selon Saint Augustin, sa propension inhérente à détourner les âmes du Bien Suprême pour les porter plutôt à la contemplation de la Vanité fera qu'elles auront tôt fait de devenir assujetties à leurs passions et à leurs lubies au lieu de chercher à les dominer pour s'en libérer; et ce n'est qu'après la condamnation sans équivoque du péché et de tout ce qui y mène que la mise à l'épreuve des justes pourra leur permettre de parvenir au Bonheur des bienheureux, de sorte que redevenue souveraine dans sa liberté, l'âme humaine pourra dès lors tout dominer tant de la Nature comme de ses passions après s'en être délivrée pour de bon. Et tout comme l'Apôtre, tout sera dès lors à elle pourvu qu'elle soit au Christ (1 Cor. III, 22) après avoir délaissé les formes charnelles de l'enfance et les appétits sensibles de l'adolescence pour se laisser guider par le raisonnement adulte vers ces biens éternels seuls capables d'y faire sens sous le regard bienveillant de la Providence.
Un Dieu unique étant vu ici comme Principe de tout, l'unité de la Nature tout aussi bien que de l'âme commence dès lors à devenir objet de foi chez des croyants, qui délaisseront ensuite et sans façon ces merveilleux petits mondes des croyances et des opinions pour s'attacher plutôt à celui de cette certitude transcendante qui ne pourra plus s'altérer pour avoir fait fi pour de bon des charlatans et autres vendeurs d'illusions pourtant si courants chez les idolâtres et autres magiciens du verbe toujours prêts à aller mélanger le bon grain de la vérité avec l'ivraie des mythes et de ces fables qui, loin de n’avoir jamais libéré qui que ce soit, n'auront toujours fait que servir de paravent ou de fumée à des mystères qui n'en étaient pas; tout comme dans plupart des religions orientales du temps de Saint Augustin qui achevaient déjà de mourir sur les ruines de cette Babylone contemporaine à laquelle il comparera volontiers l'Empire romain déjà en train de s'écrouler depuis le sac de Rome par les Vandales en 410.
- III -   
Passant ensuite des effets néfastes de la Chute sur l'évolution des âmes aux 7 âges de l'homme qui en découlent dans le temporel, Saint Augustin va par après examiner plus en détail comment un être charnel peut cependant pouvoir devenir spirituel dans sa croissance pour apporter remède à ses maux. Et passant du premier âge des langes dont personne ne se souvient à celui de la petite enfance où viennent se greffer les souvenirs, puis à l'adolescence, avec ses appétits sensibles et sa soif de la vie, viendra ensuite l'âge adulte de la famille avec ses responsabilités et une période relative de calme et de repos; et puis "la douloureuse et pâle vieillesse, traînant tristement jusqu'à la décrépitude et la mort le triste cortège de toutes les maladies" comme saura si bien le résumer le bon Docteur de l'Âme ci-devant dénommé Saint Augustin.
Rien cependant pour trop désespérer, puisque parallèlement à l'Involution des corps, si on peut ainsi qualifier la vieillesse, l'Homme intérieur pourra cependant croître en spiritualité et naître à nouveau à la sagesse sur tous les débris du vieil homme en train de mourir à petit feu tout comme Salomon, et  la vie spirituelle ayant elle aussi ses différents âges, distingués non plus par le nombre des années que par les degrés par lesquels elle va se perfectionner. En passant du premier âge du petit lait des bons exemples pieux au second âge, qui va oublier les choses humaines pour s'élever à celles du ciel, l'homme spirituel va progresser par sa raison à la contemplation de la loi souveraine et immuable. Et devenue ainsi plus confiante au troisième âge ou degré de sa spiritualité, l'âme saura ainsi subordonner tous les désirs de la chair à la force de la raison et pourra faire le bien tout naturellement.
Au quatrième âge, vont se révéler les mêmes caractères, mais avec plus d'énergie encore pour laisser apparaître un homme parfait disposé à souffrir et à surmonter toutes les épreuves, toutes les agitations et toutes les tempêtes de ce monde pour enfin trouver au cinquième la paix et le repos de tous côtés. Ce sera celui des richesses et de l'abondance, avec dans le coeur le règne de la souveraine et ineffable sagesse. Au sixième âge, le changement va s'achever pour la vie éternelle, qui ira jusqu'à l'oubli le plus complet de la vie présente pour acquérir la transformation parfaite à l'image de Dieu et sa ressemblance. Et enfin le septième, avec le repos éternel et le perpétuel bonheur où il n'est plus possible aucune distinction d'âge pour l'âme arrivée à cet état de béatitude finale.
Notre soeur la mort selon Saint François étant ainsi vue comme la fin du vieil homme charnel pour permettre à l'homme nouveau d'accéder à la vie éternelle, Saint Augustin va cependant préciser que ces deux états vont cependant persister tout au long du pèlerinage terrestre des croyants qui, pour n'être ni des anges ni pour autant des charnels, vont cependant devoir continuer à batailler contre eux-mêmes quand ce n'est pas contre leurs semblables afin d'éviter d'aller retomber dans leur état antérieur; et contrairement à l'Ancien Testament, où le peuple de Dieu ne semblait rechercher à tort qu'un royaume terrestre soumis lui aussi aux vicissitudes du temporel, comme la destruction du Temple de Jérusalem viendra pourtant le confirmer amplement, le mieux serait donc d'éviter l'angélisme dans la mesure du possible pour ne pas trop faire la bête, comme le soulignera Pascal en son temps.
Comme il est impossible à qui que ce soit d'être ici-bas un homme nouveau sans avoir d'abord été un homme ancien à cause de la Chute, l'homme nouveau va cependant grandir à mesure que l'ancien va décroître, et ceci pouvant aussi s'appliquer à toute l'humanité selon lui, où les impies continueront de persister dans leurs vices jusqu'au jugement dernier, comme il l'expliquera très bien plus tard dans sa Cité de Dieu, il ne faudrait donc préjuger de rien étant donné que les dés ne sont pas tous encore jetés, quoiqu'en disent les prêchi-prêcheurs de la mort de Dieu et autres vendeurs du Temple plus ou moins bien assaisonnés et qui, tout comme au temps de Noé, semblent pourtant et peut-être à tort demeurer toujours aussi certains de leur Affaire, tout comme au temps de leur si charmante Tour de Babel. Et ce, jusqu'au Jugement dernier en fait, quand surviendra l'anéantissement final du Vieil Homme et de tous ses suppôts avec leurs humaines convoitises; au 8e jour de la Parousie plus précisément, et qui sera bel et bien une Nouvelle Création (Apoc. 22, 10-16) pour éviter de faire peur au monde pour rien.
L'erreur fondamentale des hommes charnels ne venant donc pas tant de leurs sens que de leur jugement en fait, Saint Augustin va s'appliquer de nouveau à exposer en bon pédagogue qu'il est toutes les vérités de la foi à la lumière des Écritures avec le soutien de la droite raison en distribuant le petit lait de la doctrine aux débutants dans la vie spirituelle tout aussi bien qu'une nourriture plus substantielle à des spirituels plus avancés dans leur cheminement; et se consacrant volontiers par son enseignement au bonheur de tous ceux avec qui il fera ensuite société une fois devenu évêque, distribuant plus aux ouailles qui ont moins reçu tout en permettant aux autres comme son élève Romanien d'avancer dans les chemins de la perfection, il continuera à temps et à contretemps d'enseigner cette recherche de la vérité qui deviendra le leitmotiv de toute sa vie à venir de bon berger qu'il sera.
Expliquant pourquoi la raison ne devrait pas se contenter de juger des êtres sensibles, mais bel et bien les sens eux-mêmes pour pouvoir justement devenir raisonnable, il s'appliquera dès lors à pourfendre ceux ou celles qui prétendent peut-être à tort pouvoir juger de la raison sans critères plus précis que ceux des sens justement; et contrairement à des ébrieux qui prétendraient encore être heureux malgré tout dans l'énorme cave à vin de leur esprit, rien ne servirait donc de discourir sans fondement sur tous ces petits impondérables de la vie qu'une bonne majorité de Sapiens prend cependant encore pour les guides les plus assurés de leur existence; et l'Opinion comme telle ne servant certes de rien pour discourir de la Beauté avec seulement quelques grosses verrues sur le nez vinifié de tel ou tel philosophiste pourtant devenu incapable de voir les siennes propres par delà la Broue de ses cogitations ou le savoir propre de ses pensées, il deviendra donc utile pour ne pas dire parfois nécessaire de dépasser le domaine des vaines imaginations pour retrouver au plus tôt le fil de sa droite raison si possible.
Et revenant une fois de plus au remède souverain de la Grâce pour y voir clair à nouveau, il s'efforcera en bon pédagogue qu'il sera toujours de décortiquer une à une toutes ces vaines lubies de la raison qu’il va tout de même considérer comme le bâton le plus assuré pour bien juger de toutes choses, à la condition expresse de ne pas en faire le seul et unique critère de ses sens; et comme il serait bien vain de vouloir prendre connaissance du monde des essences sans abandonner celui des phénomènes, il deviendrait tout aussi futile de prétendre pouvoir deviner l'apparence que prendront telles ou telles graines de laitues sans en expliquer aussi les modes de production. Et ainsi de même, l'art de discourir des choses spirituelles sans en montrer les vraies raisons deviendrait tout aussi redondant que celui de prétendre pouvoir expliquer comme Empédocle le bon usage de ses sandales à l'aide de ses seules mains pour mieux démontrer la nature pourtant très réelle du danger des volcans.
L'âme dite raisonnable des Sapiens étant de fait parfois bien éclairée par le soleil, et souventes fois beaucoup moins par les pérégrinations de la lune auxquelles les lunatiques accorderont pourtant volontiers toutes sortes de propriétés réelles ou non fondées selon leurs mentalités, mieux vaudrait donc abandonner pour de bon ce si merveilleux petit monde sublunaire des phénomènes sensibles pour mieux pouvoir accéder à celui un peu plus ordonné des lois qui les déterminent; et tout autant le spirituel aura lui aussi besoin de ses règles comme de ses postulats pour devenir signifiant, ainsi de même le monde de l'Esprit ne deviendra évident à la lumière de l'Entendement que lorsque regroupé en ses axiomes principaux, qui feront de Dieu la seule et unique explication de tout le reste, comme va par la suite s'y attarder Saint Augustin dans son petit traité pourtant si lumineux sur la Vraie Religion.
Dieu étant en effet selon lui cette loi qui règle les jugements de notre raison, mais que notre raison ne peut juger par suite de ses limitations, d'autres paramètres deviendront donc nécessaires pour s'y retrouver et éviter d'aller sombrer dans ces dérives à arguties multiples où même une chatte n'arriverait pas à retrouver ses petits, comme avec ces sectes qu'il combattra néanmoins tout au long de son existence tout en peaufinant au fur et à mesure cette doctrine de l'Église qui comportait pourtant encore beaucoup de zones d'ombre à son époque, comme les donatistes et les pélagiens ne manqueront certes pas de venir le lui rappeler; mais cela étant, quoi de plus rassurant qu'une foi bien éclairée par les Écritures et une droite raison comme s'y attacheront volontiers tous les étudiants de son séminaire diocésain qui, tel le Saint Possidius de sa biographie cité plus haut, en feront avec plaisir la sève même de cette connaissance parfois une peu ardue des choses célestes, mais que même des enfants peuvent pourtant saisir de plein gré avec un enseignement approprié.
Tout autant il ne servirait de rien aux Sapiens de prétendre juger des lois humaines des législateurs sans s'y soumettre de bon ou de mauvais gré comme ces alcooliques invétérés, ainsi de même la prétention de vouloir juger de celles de Dieu sera toujours condamnée au néant pour reposer sur ces trois vices fondamentaux de l'âme déchue que sont l'orgueil, la vanité et la curiosité malsaine des choses de Dieu, comme au Paradis terrestre entre autres; et cette triple concupiscence étant justement celle dont se servira le démon pour tenter aussi le Christ au désert, la seule attitude à adopter en la circonstance consisterait très certainement à se servir des commandements de Dieu pour mieux le confondre, comme le fit le Christ avant de commencer son ministère; étant entendu  que rien ne ferait sans doute plus plaisir au malin que d'avoir à recourir tout comme lui à autant de ces arguties des sophistes qui n'avaient pourtant réussi à convertir aucun membre du Sanhédrin. Encore moins ceux de l'Aréopage d'Athènes, où Saint Paul ne rencontra aussi qu'une mer d'indifférence pour ne pas dire mieux.
La foi ne pouvant donc devenir supérieure à la raison que lorsque bien éclairée par les Écritures ou bien entretenue par les Psaumes, dont le 4 ou 21 entre autres, il ne serait donc pas suffisant de se contenter des données par trop changeantes des sciences de la nature, non plus que des traitements parfois empiriques des médecins de Molière pour discourir des Choses de Dieu et qui ne sauraient bien sûr être confondues ni avec le panthéisme des stoïciens ni avec ce vieux tonneau de Diogène dont se délectent pourtant encore une bonne majorité de nos politiciens dit postmodernes sous prétexte qui de bon vin ou quoi d'autre encore de plus de plaisirs innés pour leurs commettants pas toujours mieux éclairés; mais toujours est-il que nonobstinations inutiles zoo pas, rien ne servirait donc de discourir trop longtemps de la foi à des crédules trop heureux de continuer à croire malgré tout à leur propre cinéma plutôt qu'aux seules petites vues du Bon Dieu dans cet unique contexte disons de verbomoteurs plutôt que de verbosité véritable.
- IV -  
Telle est donc selon Augustin cette immuable Vérité d'un Créateur souverain pouvant juger de tout, au contraire des idoles païennes des épicuristes, des hédonistes, des incrédules tout autant que des atomistes ou des cyniques et qui, après avoir placé l'Ego de leur sacro-saint nombril au centre de tout, finiront par aller sombrer dans cet empirisme de bon aloi tout juste capable de conduire les astrologues au fond du puits de leurs fantaisies selon la fable d'un certain humoriste parvenue jusqu'à nous; et s'il est vrai que la vérité des idoles soit vraiment qu'elles n'aient pas de vérité, tous ces soi-disant Moi profond de Sapiens postmodernes ou anciens qui logent avant tout dans leur panse plutôt que leurs pensées auront tôt fait d'aller s'évanouir dans leur digestion après de trop courts moments de plaisir après lesquels les mythomanes continueront volontiers de courir au lieu d'y réfléchir.
L'intelligence seule pouvant de fait arriver à cette contemplation d'un Dieu unique au lieu des sens, c'est de fait cette unité seule qui pourra donner aussi aux êtres leur réalité, toujours selon Plotin auquel Saint Augustin va souvent recourir pour expliquer l'âme, et tout autant un être spécifique ne saurait avoir deux corps ou deux âmes ou deux esprits à moins d'être inanimé comme les atomes ou les poupées, ainsi de même un même être ne saurait se diviser à l'infini pour ne donner que de petites brebis Dolly qui ne sauraient plus trop ni d'où elles viennent ni où elles s'en vont au juste. Cette sorte de perte de sens qui consiste à s'oublier soi-même pour ne plus être dominé que par ses passions ne date certainement pas d'hier, comme la plupart des mythomanes pourraient certes en témoigner, et contrairement aux trompeurs dont c'est justement le propre de tromper, ou encore ces menteurs qui persistent à nous voiler leurs vérités sous prétexte de rationalité, Saint Augustin s'efforcera au contraire de confondre et les uns et les autres, et ce, même au péril de sa vie; comme avec ces donatistes qui chercheront à le faire disparaître après avoir été réfutés en bonne et due forme par lui dans des procès tout ce qu'il y avait pourtant de plus rigoureux.
"Ô esprits obstinés, montrez-moi un homme qui voie sans aucune image charnelle? Où est-il, celui qui comprend que le principe de toute unité n'existe qu'en l'auteur même de toute unité, qu'elle soit à sa hauteur ou non? Donnez-moi un homme qui voie, non pas qui conteste et veuille paraître voir ce qu'il ne voit point. Donnez-moi un homme qui résiste aux sens charnels et aux plaies qu'ils ont faites à son âme, qui résiste à l'entraînement de la coutume et aux louanges des hommes, qui pleure ses péchés sur la couche et renouvelle son esprit, qui n'aime point les vanités et ne cherche point le mensonge." (Confessions, livre III, 6 et livre IX, 4)
"S'il n'y a qu'un soleil, celui que je forme dans ma pensée est faux pour le placer dans mon imagination où et quand je le veux. Moi-même je suis un; je sens que mon corps est ici; et cependant mes pensées me conduisent où je veux, me font parler avec qui je veux. Évidemment tout cela est faux, et personne n'a l'intelligence de ce qui est faux. Je ne puis donc le comprendre lorsque je m'arrête et que j'y crois; car je ne dois comprendre une chose qu'autant qu'elle est vraie. N'est-ce pas ainsi qu'on doit raisonner sur ce qu'ils appellent des fantômes? Comment donc mon âme est-elle remplie d'illusions? Où est la vérité que contemple l'intelligence? À cette question on pourra répondre : la vraie lumière est celle qui te montre la fausseté de ces images. Par elle tu découvres cette unité suprême d'après laquelle tu juges de tout ce que tu vois; tout en comprenant qu'elle n'est rien de ce qui change."
Très subtiles questions en effet, qui laissent entrevoir que la fausseté ne saurait exister en elle-même, mais être tout simplement inventée par des sophistes qui n'auraient de cesse que d'aller se perdre en ces folles imaginations qu'on appelle des fantasmes; et devenus subjugués par leurs mirages et leurs faux-fuyants, ils n'auront de cesse que d'aller s'y soumettre aveuglément tout comme autant de ces lucioles pressées d'aller s'anéantir dans la vraie flamme de la réalité tout comme Empédocle; et s'il n'était que celle-là à démontrer, à l'effet qu'il ne saurait être de faussetés transcendantes hormis celles du vrai faux, tous les faux vrais auraient tôt fait de disparaître tout comme neige au soleil d'un Intellect actif  seul capable de juger et des uns comme des autres pour le plus grand déplaisir des ratiocineurs et autres sophistes nihilistes de tous poils; qui tiendraient par exemple mordicus à faire croire malgré tout que les vieilles barbes n'existent plus pour avoir fait disparaître sans discernement toutes les très fines aspérités de la calvitie de Socrate et de quelques autres très grands amateurs du LOOK.  
Très différente donc de celle des déistes, des gnostiques, des révélations à mystères tout autant que des constructions de l'esprit pourtant très sujettes elles aussi à précautions sans balises bien étayées, cette sorte de connaissance d'un Dieu personnel et intimiste dans la simplicité du coeur plutôt qu'en de trop savantes péroraisons accessibles qu'à des seuls initiés ou des spécialistes en linguistique ne saurait donc se trouver que lorsque l'âme est au repos dans le Seigneur tout comme au Psaume XLV, 11; et s'il est vrai d'ajouter que ce n'est qu'avec ce repos de la pensée qu'elle pourra y arriver, ni les images ni les objets qui alimentent nos désirs ne sauraient arriver à procurer ce repos pourtant si nécessaire à une meilleure perception des choses du Ciel quand l'esprit est encombré de toutes sortes d'humeurs chagrines qui ne feront qu'agiter l'âme au lieu de la combler. Et si tant est que ce ne soit souvent qu'après avoir été trouvée par Celui qui est à l'origine de tout qu'elle pourra enfin se retrouver elle-même en Celui  qui s'y cachait en silence, ce phénomène si singulier de la Grâce selon Saint Augustin en deviendra encore plus manifeste ou évident.
Après avoir entrevu clairement que la fausseté consiste à croire à ce qui n'est pas, on comprend que la vérité consiste à montrer ce qui est, c'est-à-dire ce vrai Principe de tout ce qui est Un. Et s'il en est ainsi, on peut comprendre qu'il y ait une autre unité tellement semblable à ce premier et unique modèle de tout ce qui est un qu'elle l'égale complètement comme un autre lui-même. Or cette autre unité est la Vérité, le Verbe qui est dans le Principe, le Verbe qui est Dieu en Dieu. Cette Vérité manifeste l'unité telle qu'elle est. Aussi est-elle appelée le Verbe et sa lumière (Jean, I, 9), va poursuivre Saint Augustin dans sa démonstration de ces vérités premières qui sont à la source même de la Vraie Religion; et même si le péché est à la source de nos erreurs en cette matière pourtant si fondamentale de la foi chrétienne, tous les substituts à la fois politiques, allégoriques ou artistiques qui prétendront la vouloir la remplacer ou la masquer derrière de nouveaux aphorismes matériels ou intellectuels ne pourront pourtant ultimement l'annihiler en raison du fait que même des tonnes et des tonnes de copies ne sauront jamais servir de réalité à des esprits à la fois hors du temps comme de l'espace, puisque Dieu est et restera toujours inaccessible aux sens.
L'erreur fondamentale des incrédules ou des mécréants consistant donc à préférer les créatures au Créateur en en faisant des idoles devant lesquelles ils se prosterneront, passant ainsi des corps célestes aux animaux terrestres pour ensuite adorer la Nature elle-même, vue comme origine et source de tout bien, ni le panthéisme et sa boîte de Pandore dont s'échappèrent tous les maux, ni cette multiplicité à l'infini des dieux vue comme Divinité suprême dont tous les êtres ne seraient que les membres, ni encore moins ces sortes karma avec leurs réincarnations en belles vaches sacrées devenues comme par magie à l'égal des Sapiens pourtant placés à l'Origine au sommet même de la Création qui leur avait été soumise pour leur existence à venir ne sauraient donc arriver à combler ces sortes de mentalités zen attirées par ce Grand Vide qui, pour n'être que pur néant, ne saurait arriver à quelque forme de vie que ce soit; même et malgré tous ces petits hommes verts dont on tente bien en vain de le combler au cinéma et qui ne resteront somme toute que vaines apparences dans de beaux grands déserts d'idées à défaut de ces visions plus intérieures qui sauront seules faire découvrir la Vérité, étant donné qu'elle ne se cache ni dans les films ni dans les étoiles.
- V -
Chaque jour donc que renaît l'homme intérieur, se détruit l'homme extérieur, assurant aux justes la victoire, le triomphe et la liberté alors que pour les méchants c'est la déception, le tourment, la défaite, la condamnation et l'esclavage. Esclaves non pas du Seigneur, mais de ces anges déchus qui se repaissent des douleurs et de la misère des réprouvés et à qui la méchanceté fait un supplice de la délivrance des justes par la servitude du péché. À cette différence près cependant qu'il peut encore se relever de sa condition et retrouver son intégrité même à la dernière trompette, puisque le Seigneur n'est pas venu seulement pour sauver des justes, mais aussi des pécheurs. Et la passion devenant ainsi tempérance sous l'action de l'Esprit, des actions bonnes pourront en renaître tout comme ces semences qui se reproduisent de génération en génération sous l'oeil bienveillant de la Providence, qui donne à chaque créature la juste place qui lui revient dans cette vie et la destinée que le Souverain Seigneur lui accordera dans l'autre. Aussi, avançons donc pendant que le jour est pour nous avant d'être enveloppés dans les ténèbres. (Jean XII, 35) Et tout comme le rossignol qui construit son nid selon sa nature, construisons notre demeure dans la céleste patrie, qui n'a ni fin ni commencement.
Seule cette unité première qui n'a ni matière ni mouvement, soit dans le fini, soit dans l'infini, qui ne change, ni selon les lieux ni selon les temps est cette unité souveraine qui est le Père même de la vérité, le Père de la divine Sagesse qui est appelée sa ressemblance parce qu'elle l'égale en tout; et son image parfaite, parce qu'elle procède de lui.  Et comme elle procède de lui tandis que les autres êtres ne sont que par lui, on a raison de la nommer encore son Fils. Elle est la forme première et universelle, réalisant dans toute sa perfection l'unité de celui de qui elle tient l'être; en sorte que toutes les autres existences doivent se conformer à ce modèle parfait pour être semblables au principe de toute unité. Parmi ces êtres, les unes sont non seulement par cette sagesse, mais encore pour elle : telles sont les créatures douées de raison et d'intelligence, et parmi elles, l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu : autrement, il ne pourrait contempler l'immuable vérité.
D'autres créatures sont formées par elle, mais non point directement pour elle; car si la créature raisonnable s'attache à son Créateur, de qui, par qui et pour qui elle est, elle commande à toute le reste : à cette vie infime qui la touche et l'aide à dominer le corps; au corps lui-même, à cette nature, à cette essence du dernier degré, elle le maîtrisera à son gré, sans éprouver de sa part aucune pénible résistance, parce que loin de lui demander le bonheur, de le rechercher par lui, elle le tiendra de Dieu immédiatement. Aussi, quand le corps aura été réhabilité et purifié, elle en dirigera tous les mouvements, sans redouter ni affaiblissement ni difficulté, de sorte "qu'à la résurrection, il n'y aura plus ni femmes, ni maris, mais ils seront comme les anges dans le ciel." (Matth. XXII, 30) Au contraire de la chute d'Icare des païens, vaincu lui aussi par son orgueil.
Devenu invincible par l'amour de Dieu ou de l'Esprit qui est en lui, l'homme pourra dorénavant aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit; de même que son prochain comme lui-même, qu'il pourra considérer comme un frère plutôt qu'un esclave à exploiter, ou brutaliser, voire même détruire, tout comme Caïn avec Abel. Vouloir pour les autres tous les biens qu'on désire pour soi-même, et pas leur vouloir les maux que soi-même on redoute, voilà la règle de l'amour. (Tob. IV, 26) Telles sont les dispositions que l'on a pour tous les hommes : car il ne faut faire de mal à personne, et "l'amour du prochain ne commet jamais l'iniquité". (Rom. XII, 10) Voulons-nous donc être invincibles? Aimons même nos ennemis, c'est le précepte divin. (Matth. V, 44) Non pas en les désirant ou voulant les posséder; ce qui serait retomber dans les anciennes turpitudes des hommes charnels ou des anges déchus, mais bel et bien avec les yeux de l'éternité, comme pour soi-même. Et c'est donc de ce fait toute la nature humaine qu'il faut aimer, soit parfaite, soit appelée à le devenir. Ainsi, ayant le même Dieu pour Père, ceux qui l'aiment et font sa volonté seront tous de la même famille, et Dieu le même Père en tous, avec le Bonheur assuré comme héritage spirituel.
C'est ainsi qu'en aimant son prochain comme soi-même, on ne lui porte pas envie, car on ne s'en porte pas à soi-même; on a seulement besoin de l'union avec Dieu pour être heureux. C'est donc par excellence et dans toute la vérité de l'expression que l'homme est invincible quand il s'attache à Dieu, non pour mériter quelque bien en dehors de Lui, mais parce qu'il ne connaît d'autre bonheur que de s'attacher à Lui. L'union des esprits est en effet plus étroite que l'union formée par le temps ou les lieux où l'on naît, et la plus puissante de toutes est celle qui triomphe de tout. Cet homme ne se laisse donc pas abattre par la mort de personne; car, il le sait, ce qui ne meurt point pour Dieu, le Seigneur des vivants et des morts, ne meurt point non plus pour qui aime Dieu de tout son coeur. Appuyé sur le secours de Celui qui lui commande d'aimer ses ennemis et lui en fait la grâce, il ne redoute pas les inimitiés. Ne point s'attrister est trop peu pour sa charité; il lui faut la joie dans les tribulations. Il sait "que la tribulation produit la patience, la patience l'épreuve, l'épreuve l'espérance; or l'espérance ne confond point; car l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné." (Rom. V, 3-5)
Tu aimes la liberté? Cherche donc à t'affranchir de toute affection pour les créatures périssables. Tu veux régner? Sois soumis et uni à Dieu, le suprême et unique dominateur, en l'aimant plus que toi-même. Aime donc l'âme sage et parfaite telle qu'elle se montre à toi; n'aime pas de la même manière l'âme insensée; mais parce qu'elle peut arriver à la sagesse et à la perfection. Si donc l'orgueil n'est qu'une ombre de la vraie liberté et de la domination véritable, la divine Providence nous rappelle par ce moyen ce que signifient les aspirations de nos vices et quel est le but où nous devons tendre après nous en être dépouillés. Ainsi, partout la palme est réservée à la connaissance, à la découverte habile, à l'intelligence de la vérité, que jamais on ne peut saisir en la cherchant à l'extérieur.
Ainsi les uns sont précipités par le vague de leurs pensées au milieu de mondes innombrables. Les autres n'ont pu concevoir Dieu que sous l'idée d'un corps de feu. D'autres y voient une lumière immense répandue au loin en des espaces sans limites; ils la voient séparée d'un côté comme par un point noir; ils s'imaginent comme les manichéens que ce sont deux royaumes opposés auxquels ils rapportent l'origine de toutes choses, et sur ces rêveries ils bâtissent toutes leurs fables. De plus, tout ce que je viens d'énoncer sur cette lumière de l'intelligence ne m'a été dévoilé que par elle et l'esprit ne peut rien découvrir avec plus de certitude et de clarté. Par elle en effet je comprends la vérité de mes paroles et c'est elle encore qui me fait voir que je la comprends. Allons plus loin; si un homme comprend qu'il comprend, si de plus il se rend compte de ce dernier acte de son entendement et toujours ainsi, je comprends qu'il s'engage dans l'infini et qu'il n'y a dans cet infini ni espace ni changement.
Car la vie éternelle surpasse par sa nature la vie temporelle, et je ne puis savoir ce que c'est que l'éternité autrement que par un acte de mon intelligence. Le regard de mon esprit en sépare par l'Intellect tout ce qui est muable et je ne puis distinguer en elle aucun temps, parce que le temps suppose des successions de mouvements. Mais dans l'éternité, rien ne passe, rien n'est à venir; ce qui finit cesse d'être, et ce qui doit commencer n'est pas encore : l'éternité est toujours. Elle n'a pas été comme si elle n'était plus; elle ne sera pas comme si elle n'était pas encore. Aussi a-t-elle pu, seule, dire à l'esprit de l'homme : "Je suis Celui qui suis" ( Exod. III, 4); et l'on a pu dire d'elle avec la  même vérité : "Celui qui est m'a envoyé."  ( Jean I, 2-5)
Avant de terminer son exposé magistral sur Celui qui est, qui était et qui vient, (Apoc.I, 6) Saint Augustin va ensuite y aller comme dessert de quelques conseils utiles sur l'Art d'étudier les Saintes Écritures en encourageant cette sainte curiosité seule capable d'éloigner de nous les vaines rêveries et toutes ces fictions théâtrales destinées à nous perdre dans la vanité de nos pensées beaucoup plus que dans cette ineffable miséricorde de Dieu, qui n'a point laissé de venir à nous par le ministère d'une créature raisonnable soumise à ses lois; et ses paraboles étant de fait comme la boue qui guérit les yeux de notre âme, il restera toujours nécessaire d'examiner ce que nous devons connaître par le témoignage de l'histoire ou découvrir aux clartés de l'évidence; ce qu'il faut croire et confier à la mémoire avant d'en comprendre le sens; où est la vérité, non pas celle qui passe, mais la vérité immuable; comment découvrir le sens allégorique des vérités révélées par l'Esprit-Saint, ce qui distingue l'allégorie de l'histoire et l'allégorie des faits, celle des discours et celle des rites sacrés. Comment enfin interpréter selon le génie de chaque langue les expressions employées dans les Saintes Écritures.
Renonçons donc et pour toujours à ces niaiseries du théâtre et de la poésie, va conseiller Saint Augustin. Et quittons ces demeures inférieures du temporel pour faire de l'étude et de la méditation des Écritures l'aliment et le breuvage de notre esprit. Si les merveilles et la beauté des spectacles nous charment, aspirons plutôt à voir cette Sagesse qui atteint avec force d'une extrémité à l'autre et qui dispose de tout avec douceur. (Sag. VIII,1) Qu'y a-t-il  de plus admirable et de plus beau que cette puissance invisible qui créé et gouverne le monde visible, qui l'ordonne et l'embellit? C'est remonter des biens du temps à ceux de l'éternité, c'est réformer la vie du vieil homme en celle de l'homme nouveau. Rien dans le monde n'y rappelle la vérité parce que n'y pénètre point cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. (Jean I, 9) Hâtons-nous donc; marchons pendant que le jour nous éclaire, et ne laissons point les ténèbres nous égarer. (Jean XII, 35)
Renonçons aussi à cette soif des nouveautés qui ne fait que venir troubler le repos de l'âme, car la seule science véritable est intérieure; qui ne deviendra parfaite qu'après cette vie, avec la paix la plus profonde. (I Cor. XIII, 9-10) Le corps même jouira d'une pleine santé, il sera sans besoins et sans fatigue, parce qu'au temps où s'accomplira la résurrection de la chair, ces membres corruptibles seront revêtus d'incorruptibilité. ( I Cor XV, 53) On ne doit donc pas s'étonner que tant de bonheur ou de béatitude soit le partage de ceux qui dans l'étude n'ont aimé que la vérité, dans l'action que le repos, et dans le corps que la santé. Après cette vie, ils auront dans toute sa perfection, ce qu'ils auront préféré ici-bas. Et à ceux qui abusent du don incomparable de l'Esprit et qui cherchent en dehors de Lui les biens visibles dont la destination était de les porter à la contemplation et à l'amour des biens spirituels, à ceux-là sont réservées les ténèbres extérieures et les grincements de dents pour n'avoir pas su reconnaître l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le connaît point. (Jean 14, 16-18)
Mais celui-là qui fait bon usage des cinq sens de son corps pour croire et annoncer les oeuvres de Dieu, pour développer la charité, soit par l'action, soit par la méditation, pour pacifier sa vie et connaître Dieu, celui-là entre dans la joie du Seigneur. Le talent enlevé à qui pas su s'en servir est donné à celui qui fait bon emploi et bon usage de ses cinq talents. (Luc, XIX, 15-16) Est-ce à dire que l'intelligence de l'un est donnée à l'autre? Non pas; c'est pour nous apprendre que des hommes doués d'un esprit supérieur, mais indifférents ou impies, peuvent perdre leur pénétration, et d'autres l'acquérir s'ils sont actifs et pieux, quand même leur intelligence se développerait lentement. Le talent n'est point donné à celui qui en avait reçu deux; il le possède puisque ses actions et ses pensées sont bien réglées. Mais il est donné à celui qui en avait reçu cinq; car celui-ci n'a foi encore qu'aux choses visibles et temporelles; son esprit n'est point capable encore de contempler les biens éternels, mais il peut le devenir en louant le divin Auteur de ces merveilles sensibles, en s'attachant à lui par la foi, en l'attendant par l'espérance, et en le cherchant par la charité, tout comme le fit si bien Saint Augustin, qui se gardera bien de s'en vanter.
- CONCLUSION -
Puisqu'il en est ainsi, je vous exhorte, ô vous qui m'êtes si chers et si proches, et je m'exhorte moi-même avec vous, à nous lancer de tous nos efforts où nous appelle la sagesse divine. N'aimons point le monde, parce que le monde n'est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, et ambition du siècle. Ne mettons point notre religion dans les vagues conceptions de notre esprit : toute vérité est préférable à ce que notre pensée peut imaginer arbitrairement; et pourtant nous ne devons pas adorer l'âme, quoiqu'elle conserve la vérité de sa nature, même quand elle s'égare. Un brin de paille véritable est préférable à la lumière que forment à volonté nos vaines conceptions; cependant elle ne doit pas être adorée. Ne mettons plus notre religion à adorer les oeuvres des hommes. Ne la mettons point à adorer les animaux, ni les morts, ni les démons pour qui ce serait un triomphe. Ne mettons pas notre religion à adorer la terre et les eaux, ni l'air, ni le feu, ni les astres, ni la nature.
Que notre religion n'adore même pas l'âme raisonnable devenue sage et parfaite puisque son excellence ne lui vient pas d'elle-même, mais de Celui à qui elle se soumet volontiers. L'Être qu'adore le plus parfait des anges, le dernier homme doit encore l'adorer. L'ange n'a pas la sagesse autrement que l'homme; il ne connaît point la vérité autrement que l'homme; ils puisent l'un et l'autre au sein de la sagesse immuable, de l'immuable vérité. En effet, pour opérer notre salut, la Vertu de Dieu même, son éternelle Sagesse, consubstantielle et coéternelle au Père, a daigné dans le temps se revêtir de notre nature humaine afin de nous apprendre que l'homme doit adorer ce que doit adorer toute créature intelligente et raisonnable. Croyons-le : les anges fidèles eux-mêmes, les esprits qui remplissent près de l'Éternel les plus sublimes fonctions, veulent aussi que nous adorions avec eux le même Dieu dont la contemplation fait leur félicité. Notre bonheur en effet ne consiste point à voir un ange, mais à voir la vérité qui nous fait aimer les anges et applaudir à leur triomphe.
Nous ne sommes point jaloux non plus qu'ils en jouissent plus facilement et sans entraves; au contraire, nous les aimons davantage, car il nous est ordonné d'espérer le même bienfait de notre commun Maître. Aussi les honorons-nous comme des amis, et non comme si nous étions leurs serviteurs. Nous ne leur élevons point de temples : il nous refuseraient cet honneur. Ne savent-ils pas que fidèles à la vertu, nous sommes nous-mêmes les temples de Dieu? Aussi est-il écrit que l'ange défendit à l'homme de l'adorer, mais d'adorer le Maître unique dont ils étaient tous deux les serviteurs. (Apoc. XXII, 9) Les esprits qui nous excitent à les servir et à les adorer comme des dieux ressemblent aux hommes remplis d'orgueil qui voudraient également obtenir de nous de semblables hommages. Supporter ceux-ci est un péril moins grand que d'adorer ceux-là, car autre est la servitude du corps et autre est celle de l'âme tombée sous l'emprise des démons.
Or quand les justes, dont toute joie sur la terre est en Dieu, le font bénir par leurs oeuvres, ils applaudissent à ces actions de grâces. Vient-on à les louer eux-mêmes? Ils répriment ce désordre : s'ils ne le peuvent, au moins ne font-ils jamais accueil à ces louanges, et ils cherchent à en détourner les auteurs. Tels sont aussi les bons anges; et même ces fidèles ministres de notre Dieu ne sont-ils pas plus purs et plus saints encore? Pourrons-nous donc craindre de les offenser en évitant à leur égard tout culte superstitieux? C'est pour nous détourner nous-mêmes de tout culte superstitieux qu'ils dirigent nos coeurs vers le Dieu unique et véritable et qu'ils les relient à son amour; d'où vient, je crois, le mot religion.
J'adore donc un seul Dieu, le premier Principe de toutes choses, l'éternelle sagesse, de qui vient toute sagesse, et le Don céleste de qui vient tout bonheur. J'en suis sûr, tout ange qui aime ce Dieu m'aime aussi. Quiconque parmi eux demeure en lui et peut entendre les prières des hommes m'exauce avec lui. Quiconque encore le possède comme son bien unique, vient en lui à mon aide; il ne saurait me porter envie de participer à son bonheur. Ah! qu'ils nous le disent ; ces adorateurs, ou plutôt ces adulateurs des différentes parties du monde, quel trésor n'acquiert-on pas en adorant exclusivement Celui que chérissent les êtres les plus parfaits, Celui dont la connaissance fait leur joie, le principe auquel on ne peut s'unir sans s'élever au plus haut degré de vertu? Il est d'autres anges qui s'attachent à leurs propres idées, qui refusent de se soumettre à la vérité et qui, pour trouver en eux-mêmes leur propre félicité, sont tombés loin du bien offert à tous de la vraie béatitude : ils doivent asservir et tourmenter les méchants, mais ils ne peuvent qu'éprouver la vertu du juste. Ceux-là assurément n'ont aucun droit à nos adorations, leur joie est dans nos tristesses et notre réparation cause leur tourment.
Que la religion nous relie donc au seul Dieu tout-puissant; car entre notre âme qui connaît le Père et la Vérité, c'est-à-dire la lumière intérieure qui nous le révèle, aucune créature ne vient s'interposer. Adorons avec lui cette Vérité même, sa parfaite ressemblance, la forme de tous les êtres qui ont une même origine et tendent à une même fin. Ainsi l'âme spirituelle comprend que tout a été créé par ce modèle, seul capable de combler tous nos désirs. Mais le Père ne créerait rien par le Fils, et rien ne trouverait le bonheur dans sa fin véritable si Dieu n'était souverainement bon; il n'a envié à aucune nature la bonté qu'elle pouvait recevoir de lui, et il a accordé aux différents êtres de demeurer dans le bien, les uns autant qu'ils voudraient, les autres tant qu'ils pourraient. Aussi devons-nous adorer et embrasser avec le Père et le Fils, le Don divin, immuable comme eux, Trinité d'une seule substance, Dieu unique, de qui, par qui, et en qui nous sommes.
Nous nous en sommes séparés, nous avons cessé de lui ressembler, et il n'a point voulu que nous périssions. Il est le Principe auquel nous retournons, le Modèle que nous devons suivre, la Grâce qui nous réconcilie, Dieu unique dont la puissance nous a créés; Ressemblance divine qui nous a formés à l'unité; Paix incomparable qui nous tient unis. C'est le Dieu qui a dit : "Qu'il soit fait". (Gen, I); C'est le Verbe par qui a été faite toute substance, toute nature; c'est le Don de sa bonté par lequel l'Auteur suprême a voulu, a consenti que rien ne périsse de ce qu'il a fait par le Verbe, Dieu unique qui nous a créés pour nous donner la vie; qui nous réforme pour nous élever à la sagesse de la vie; que nous aimons et dont nous jouissons pour avoir le bonheur de la vie. Dieu unique, de qui, par qui, et en qui sont toutes choses. À lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen!
6:29:30 PM
Seigneur, qu’attends-tu de moi?... Lord, what do you ask of me?...

Seigneur, qu’attends-tu de moi?...

  • Activité proposée par l’Œuvre des Vocations du diocèse de Montréal
  • Dimanche le 6 novembre 2011 (en français), Sunday October 30th 2011 (in English)
  • Objectif : Discerner ce que Dieu attend de moi (ma mission, ma vocation).
  • Public cible : Jeunes ayant participé aux JMJ et leurs amis.
  • Lieu : Grand Séminaire de Montréal, 2065 rue Sherbrooke Ouest, Montréal, près du métro Guy-Concordia.
  • Horaire : 14h00  à 16h00. Partage, prière, enseignement.
  • Pour information, communiquer avec Bertrand Montpetit, prêtre. bertrandmontpetit777@hotmail.com
Lord, what do you ask of me?...
  • An activity organized by the diocesan Vocation Office of Montreal
  • Sunday October 30th 2011 (in English), Dimanche le 6 novembre 2011 (en français)
  • Goal: To discern what God asks of me (my mission, my vocation).
  • Who’s invited: Youths who participated to the WYD and their friends.
  • Where: Grand Séminaire de Montréal, 2065 Sherbrooke street West, Montreal, near Guy-Concordia metro station.
  • Schedule: 2 to 4 PM. Sharing, prayer, teaching.
  • For information, get in touch with father Bertrand Montpetit. bertrandmontpetit777@hotmail.com

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